Bouche initiale

dans un ballet d’ouvriers,

un silence

dure décorateur levé

avant le soleil.

ordre tranché, pousser des cadavres. certitude

sentant le sommeil sous l’ombre

et le parfum de guerre. à s’arracher

les cheveux, il alignait les boites.

drapeau brulé

par terre, vers inachevés.

 

l’idée de femme

devenue une chimère. l’écriture

nous rappelait des yeux et des mouvements, encore

des cahiers et des plumes aux calligrammes

de fou. il naviguait dans les vapeurs,

l’orient.

 

chaque matin, un bouquet

pour ceux qui ont la fièvre, leur part de rêve,

elle le berçait comme un enfant. elle

le gardait dans sa paume, avec le parfum des foins et

des blés murs. resta

invisible. le changement, l’odeur et le reste

dans un village fantôme. politesse

du bas-ventre                    disparue

bois éventré

dessinant                     les touches

d’un piano.

souvenirs.

 

belle de jour est entrée,

la foule éclopée des grands jours, après

les premiers combats. on la lisait

dans les journaux. oser

rejoindre la chambre, pas osé partir

à l’aube. baisers volés, petits trésors

encore dans l’oreille.

jouer

chaque soir. apeurée à faible voix, elle alluma

un cigare. l’uniforme m’en empêchait les voyages, découpage

théâtre pour enfants. comment.

un brin de jasmin.                         rien.

 

c’était l’automne,

un jeune gars rieur avec de beaux yeux marron, très mobiles et très brillants. curieusement

faible, j’étranglais une souffrance, la même beauté, venue et revenue,

née et détruite. demeure

malgré le temps.

trop de pensées, trop de tempêtes. je n’ai pas écrit son nom.

 

nous étions sur le pont et

regardions la rivière, notre vie qui passe.                  le monde

avait l’éclat des beaux dimanches et toujours

le même parfum.

tant de choses qu’on ne voit

jamais. le début

et la fin. après,

le pardon

des choses qui n’ont pas été

faites.

 

on nous farcissait

la tête, des pages et des pages blanches.                         le blanc

de la mort.